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Antibiorésistance, où en est la recherche ?

Publié le 30 Mars 2018
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Les hôpitaux sont une des sources de rejet de résistances aux antibiotiques © Pixabay

Les antibiotiques ont permis de faire considérablement reculer la mortalité associée aux maladies infectieuses. Mais leur utilisation massive et répétée a conduit à l’apparition de bactéries résistantes à ces médicaments, devenue préoccupante. Que sait-on des risques pour l’environnement et la santé ? De nouveaux programmes de recherches sont en cours, auxquels l’Université de Limoges participe.

La découverte des antibiotiques a largement contribué à l’augmentation de l’espérance de vie mais s’accompagne d’une augmentation croissante et préoccupante de la résistance bactérienne. Si les premières résistances ont été détectées principalement en milieu clinique, il a été constaté très rapidement la propension de ces bactéries à coloniser différents environnements (eau, sol, sédiments).

Aujourd’hui, le phénomène inquiète et on sait peu de choses quant à la nature des risques. Un des éléments essentiels est d’améliorer les connaissances sur les modes et mécanismes d’acquisition de ces résistances. A l’Université de Limoges, des travaux sont menés au sein de l’UMR INSERM1092, qui devraient permettre de développer de nouvelles stratégies antimicrobiennes.

« Les hôpitaux sont une des sources de rejet de résistances aux antibiotiques. Comment mesurer cette dissémination, quel est le risque pour le devenir de l’antibiothérapie et donc pour la santé ? C’est ce que nous cherchons. Au niveau local, nous utilisons une technique globale pour estimer l’antibiorésistance et ce voyage hôpital-ville-environnement. » explique Christophe Dagot, chercheur au sein de cette unité de recherche, avant d’ajouter à propos des grandes conclusions de cette recherche « oui, il existe une résistance aux antibiotiques qui se déplace entre l’homme et l’environnement. Si les hôpitaux en rejettent une partie, la ville en rejette encore plus en terme de flux. Si on traite uniquement l’hôpital, on ne résout donc pas tout le problème mais on s’attaquera probablement aux bactéries les plus résistantes. En revanche, les points à l’étude restent encore la caractérisation des transferts de gènes entre bactéries dans l’environnement. Quant aux risques pour la santé humaine, on sait que les gènes des bactéries peuvent être disséminés dans l’environnement mais on ne sait pas encore bien identifier les voies de retour à l’humain ou si elles existent. Aujourd’hui, on cherche à évaluer le risque pour l’homme et l’environnement. »

Au niveau national, un Comité Interministériel pour la Santé (CIS) a été créé en 2016 pour préparer et adopter une feuille de route gouvernementale visant à maîtriser l’antibiorésistance. Celle-ci se compose de 40 actions réparties en 13 mesures phares. L’objectif est de diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici 2018 et de réduire les conséquences sanitaires de l’antibiorésistance. A Limoges, la recherche continue : le laboratoire INSERM U1092 développe une approche One Health pour analyser cette contamination microbienne couplant les approches cliniques et animales, du malade vers l’animal et l’homme, avec le retour vers l’environnement.

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