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Et si on parlait santé-environnement ?

Publié le 02 Octobre 2015
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Aude Lacourt, Eric Pautard, Hervé Cazenabe lors de la matinée du Jeudi 18 juin 2015©GRAINE Aquitaine

La troisième édition du Plan Régional Santé Environnement devrait voir le jour en 2016, feuille de route pour mettre en place des actions jusqu’en 2019. C’est l’occasion pour les réseaux éducatifs GRAINE Aquitaine et l’IREPS Aquitaine, en partenariat avec la DREAL Aquitaine, l’ARS Aquitaine et le Conseil Régional, de proposer un nouveau cycle de conférences en 2015. La première a invité une épidémiologiste et un sociologue pour redéfinir une notion qui fait aujourd’hui couler beaucoup d’encre « Et si on parlait santé environnement ».

Chargé de mission Agenda 21, représentants associatifs, ingénieurs du privé…, ils sont venus nombreux à la Maison écocitoyenne de Bordeaux pour en savoir un peu plus sur ce fameux concept et les questions soulevées quant au champ qu’il englobe et les tentatives de quantification des impacts sanitaires liés à l’environnement. Une chose est certaine : la question des préoccupations environnementales et leurs conséquences sanitaires intéresse, même si elle intervient au moment où, paradoxalement, l’espérance de vie n’a jamais été aussi élevée en France.

C’est une menace lente et insidieuse qui se glisse dans la terre, l’eau et l’air, la pluie et les forêts, jusqu’à l’intérieur de nos maisons. Et frappe déjà, silencieusement. La pollution nous rend malades. A en mourir, parfois, souligne Aude Lacourt, chercheur épidémiologiste à l’Institut de Santé Publique, d’Epidémiologie et de Développement (ISPED), de Bordeaux. Comme à Londres, en 1952 où la conjugaison d’un grand froid et l’absence de vent  a causé en moins d’un mois plus de 12 000 décès. Comme à Minamata, au Japon, où des fuites de mercure tuèrent de 50 000 à plus d’un million de personnes selon les estimations dans les années 1960. Sans parler de l’amiante où il aura fallu attendre vingt ans pour que son usage, déclaré cancérigène en 1977, soit totalement interdit. «  Le 20ème siècle a vu l’apparition d’un déséquilibre : l’espérance de vie augmente, les pathologies infectieuses et transmissibles reculent, alors que les pathologies chroniques comme les cancers (première cause de mortalité en France), les problèmes respiratoires, les troubles endocriniens prennent une importance grandissante dans les problèmes de santé » explique Aude Lacourt. La préoccupation majeure de santé publique est ainsi passée de l’espérance de vie à l’espérance de santé, y compris dans ses composantes qualité de la vie. De plus en plus, on soupçonne la responsabilité des polluants chimiques dans l’expansion de ces maladies. Les études sont en route mais sont complexes : «  l’épidémiologie environnementale « marche » avec l’incertitude. La variabilité, c’est la règle, chaque individu évolue différemment », précise Aude Lacourt. Alors comment agir sans preuves ?  « L’absence de preuve de risque n’est pas l’absence de risque. Cette incertitude amène à deux notions indissociables de la santé environnement : la prévention et la précaution. Des actions peuvent être prises pour éviter, réduire ou réparer les dommages. Elles peuvent se situer à la fois en amont et en aval » explique Aude Lacourt.

Alors pour agir concrètement, comment faire ? Eric Pautard, sociologue au Commissariat Général au Développement Durable (CGDD), Service de l’Observation et des Statistiques (SOeS) pose la question de l’implication des citoyens. « Seulement 33% des français sont d’accord pour agir individuellement sur l’environnement alors qu’ils sont 73% aux Pays Bas. » Le chiffre en dit long sur le travail qui reste à accomplir. « Comment expliquer simplement des situations complexes, réduire le développement de combinaison de nuisances, développer la part du marché bio qui stagne à 2,4%, faut-il publier des données, éduquer,  et de quelle manière ? » s’interroge Eric Pautard.

Pour écouter la conférence en podcast : www.graine-aquitaine.org

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