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Les inégalités environnementales de santé : sémantique, philosophie et mécanismes

Publié le 13 Septembre 2013
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Inégalités environnementales©Daniel Coutelier-METL-MEDDE

Qu’est-ce que l’inégalité environnementale de santé, a-t-on aujourd’hui une définition précise et quels sont les enjeux d’une telle définition ? Précisions et éclaircissements avec Tarik Benmarhnia, ingénieur en génie sanitaire et étudiant au doctorat d’épidémiologie à la Faculté de médecine de Montréal.

Quand on parle d’inégalité d’environnement, de quoi parle-t-on ?

Il est nécessaire de distinguer les notions de disparités, inégalités, justice et équité dans ce cadre appliqué à la santé publique, sachant que plusieurs orientations existent selon les disciplines.
La notion de justice environnementale renvoie à la nécessité d’un traitement équitable de toutes les populations (fair en anglais) dans la distribution des nuisances et aménités environnementales. Elle renvoie donc à la notion de justice sociale et aux théories sous jacentes, donc à ce qui est acceptable ou non par une société.
Dans le contexte français, contrairement au contexte nord américain, la notion d’égalité est teintée de valeurs, et se confond avec la notion de justice environnementale.
En France, nous parlerons plutôt de disparités pour décrire de manière neutre des variations entre populations ou territoires, sociales ou non d’ailleurs, face à des expositions environnementales. Quant à la notion d’équité, elle se réfère à la répartition juste et adaptée des bénéfices d’une intervention pour réduire ces inégalités environnementales.

Qu’est-ce que le gradient social ?

 Les inégalités sociales de santé font référence aux différences systématiques, évitables et importantes, observées dans la relation entre l’état de santé et l’appartenance à un groupe social. Il s’agit d’un phénomène mondial, que l’on observe à la fois à l’échelle internationale entre pays ainsi qu’au sein d’un pays, quel que soit son niveau de richesse. Ces inégalités de santé suivent une hiérarchie sociale. C’est ce qu’on appelle le gradient social.

Qu’est-ce que les inégalités environnementales ?

Quand on parle d’inégalités environnementales appliquées à la santé, il faut replacer l’environnement comme un déterminant de la santé. Concrètement, deux mécanismes principaux rentrent en ligne de compte en lien avec un gradient social :

1) les inégalités environnementales liées à l’exposition. Ainsi, les sources de pollution ne sont pas réparties de manière égale sur le territoire : il existe des zones plus exposées à différents polluants. Donc, plus une population sera défavorisée, plus elle sera exposée à des niveaux de polluants plus élevés

2) les inégalités de susceptibilité ou de vulnérabilité. Par exemple, les individus ne réagissent pas de la même manière face à la pollution selon leur âge : les enfants sont souvent plus sensibles à des polluants de l’environnement du fait de leur métabolisme en pleine croissance. De plus, une population qui a la même exposition qu’une autre plus favorisée, ne va pas réagir de la même manière, notamment si elle est déjà fragilisée par les effets d’autres déterminants de santé.

Comment les PRSE 2 se sont emparés de cette question ?

Les PRSE2 visent notamment la réduction des écarts des inégalités environnementales de santé. De nombreuses actions ont mis en avant cette question mais, en pratique, cela reste compliqué, car il faut rester patient et humble en tant qu’acteurs de santé publique. Pour traiter cette question, il faudrait commencer par élargir la notion d’environnement au contexte de vie, puis introduire progressivement la notion de gradient social. Savoir, par exemple à Bordeaux, comment se dessine ce gradient via les populations ou territoires les plus vulnérables, les  plus exposés ? A partir du moment où l’on aura défini cette question de manière très claire, les actions qui permettront d’aller vers une réduction de ces inégalités devront s’inscrire dans un objectif d’équité, à savoir viser la distribution équitable des effets des actions du PRSE2, s’inscrire et s’intégrer dans l’ensemble des politiques et actions publiques, tel que préconisé via les études d’impact santé (EIS). Le champ de la promotion de la santé offre des outils conceptuels, théoriques et méthodologiques pertinents dans ce sens.

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