Eaux

L’Université de Limoges travaille sur les rejets de médicaments dans les effluents hospitaliers et urbains

Publié le 12 Janvier 2018
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Réduire les résidus de médicament nécessite une approche globale © Pixabay

Le sujet des médicaments dans l’eau et de leur traitement est de plus en plus médiatisé. A Limoges en Haute-Vienne, les équipes de recherche universitaire travaillent sur la maîtrise de la qualité de ces rejets dans l’eau depuis 1998. Explications avec Christophe Dagot, chercheur à l’UMR INSERM 1092 de l’Université de Limoges.

Sur quoi porte votre recherche ?

Nous travaillons sur les risques environnementaux et sanitaires liés aux résidus de médicaments présents dans les ressources en eau. En dehors de l’analyse de ces éléments dans les milieux et de leurs impacts, il est aussi question des pratiques et des usages des différents acteurs concernés. Il s’agit de mesurer les changements de pratiques et de voir si et comment ils aboutissent à la réduction de ces micropolluants. Le but de cette recherche est de caractériser les rejets urbains, les rejets hospitaliers, de connaître la pollution et les risques associés et identifier les leviers d’actions, en impliquant toute la chaîne de responsabilité.

Quel est le cadre de ces recherches ?

Depuis 2008, l’Université de Limoges a participé à deux programmes européens successifs sur la réduction des médicaments dans l’eau : PILLS et NO-PILLS. Le premier visait à étudier l’efficacité du traitement à la source, en particulier au niveau des hôpitaux. Le constat que seulement 20% des médicaments étaient issus des établissements de soins a conduit les partenaires à développer le deuxième programme, avec des approches pluridisciplinaires sur les différents leviers d’action et expérimentations sur les territoires : optimisation du traitement des stations d’épuration urbaines, développement de campagnes de sensibilisation de la population, expérimentation sur la séparation des urines… L’équipe GRESE et l’UMR INSERM 1092 de l’Université de Limoges ont notamment travaillé sur le devenir des résidus médicamenteux dans les procédés et la problématique de l’antibiorésistance .

Quels en  sont les conclusions ?

Les effluents transportent effectivement tout un ensemble de molécules plus ou moins dégradées. Les rejets hospitaliers sont envoyés dans des stations d’épuration qui  traitent déjà environ la moitié de la charge en médicament. Des préconisations sur la source ont été faites pour une gestion plus raisonnée des médicaments. Après discussion avec la commission européenne, 2 hormones (17-a-ethinylestradiol, 17-b-estradiol), un anti-inflammatoire (diclofenac) et 3 antibiotiques macrolides(érythromycine, clarithromycine, azithromycine) ont été mis sur la « liste de surveillance ». Ils pourront être ajoutés à la liste des substances prioritaires à l’avenir. A l’exception de certaines molécules comme les perturbateurs endocriniens, mais qui ne sont pas uniquement liés aux rejets hospitaliers, ou certains anticancéreux, les risques sont plutôt d’ordre environnemental. Réduire les résidus de médicaments nécessite une approche globale couplée à des actions de sensibilisation, c’est l’un des messages importants qu’il faut retenir de ces recherches.

www.unilim.fr/grese

www.pills-project.eu

www.no-pills.eu

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