Air intérieur

Etude POEME : quels polluants respire-t-on au bureau ?

Publié le 03 Décembre 2021
A+ A-
Une centaine de polluants a été mesurée entre septembre 2018 et juin 2019 pendant une semaine (5 jours) au sein de 30 immeubles de bureaux en Nouvelle-Aquitaine

Si les logements et écoles ont souvent été étudiés, les éléments manquent sur les espaces de travail. Afin d’enrichir les connaissances sur la qualité de l’air intérieur dans les bureaux, ATMO Nouvelle-Aquitaine, le Laboratoire des Sciences de l’Ingénieur pour l’Environnement de La Rochelle Université (LaSIE UMR 7356) et le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) se sont associés pour un projet innovant dédié à la recherche de substances d’intérêt sanitaire peu ou pas étudiées : le projet POEME.

Une centaine de polluants a été mesurée entre septembre 2018 et juin 2019 pendant une semaine (5 jours) au sein de 30 immeubles de bureaux en Nouvelle-Aquitaine portant au total sur une centaine de pièces. Parmi les paramètres et substances appartenant à différentes familles de polluants de l’air recherchés, 46 substances dites « émergentes » ont été étudiées dans le cadre de POEME. Ce projet fait suite à la thèse de doctorat de Guillaume Sérafin, qui avait réalisé une hiérarchisation des polluants de l’air intérieur des immeubles de bureaux en croisant les données de concentrations récemment publiées dans la littérature scientifique avec les données toxicologiques des substances chimiques.

Principaux résultats

Le projet confirme que les sources de pollution intérieure sont multiples, qu’il s’agisse de l’air extérieur et de sources intérieures diverses (revêtement, présence d’un parking souterrain, etc.), et donc qu’il faut agir sur tous ces leviers d’amélioration pour garantir une bonne qualité de l’air intérieur. Les concentrations en polluants sont globalement faibles avec quelques exceptions. Par exemple, si les concentrations en aldéhydes sont faibles, on note une concentration élevée en propionaldéhyde (produits d’entretiens, matières plastiques…) dont les sources propres aux bâtiments étudiés n’ont pas été identifiées. Idem pour les concentrations en composés organiques volatils (COV) globalement faibles, la médiane la plus élevée étant observée pour le limonène (présents dans les produits d’hygiène et les cosmétiques, les produits d’entretien parfumés). « En revanche, parmi les COV « émergents » (jamais mesurés auparavant), on observe la présence de deux composés chlorés détectés dans l’air intérieur alors qu’ils sont classés cancérogènes probables chez l’Homme. Il s’agit du 1,2,3-trichloropropane (détecté dans 8 % des espaces de bureaux) et du dichlorométhane (détecté dans 86 % des espaces de bureaux) dont les sources n’ont pas non plus été identifiées et qui peuvent provenir des émissions du mobilier. Parmi les concentrations en composés organiques semi-volatils (COSV), on note aussi que le lindane, insecticide organochloré interdit depuis 2008, est quantifié dans 73 % des bureaux, » souligne Emilie Palka, ingénieure d’études au sein d’Atmo Nouvelle-Aquitaine.

Le rapport complet disponible

Afin de les partager avec la communauté scientifique et le grand public, le rapport complet et la synthèse ont été publiés et sont accessibles sur le site d’Atmo Nouvelle-Aquitaine. Ce projet POEME fournit des concentrations intérieures de référence, pour les espaces de bureaux, qui pourront servir à mettre en perspective les concentrations mesurées dans de futures études. Il appelle à s’intéresser aux substances que l’ANSES a considéré prioritaires au regard de leurs émissions possibles par le mobilier.

www.atmo-nouvelleaquitaine.org

Les articles suivants peuvent vous intéresser