Pesticides

85% des pomiculteurs locaux ont signé la charte de bonne conduite

Publié le 02 Aout 2019
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27 km de haies ont été plantés © DDT19

Pomiculteurs, pouvoirs publics, riverains et associations de défense de l’environnement signaient le 20 mars 2017 à Lubersac en Corrèze, une charte des bonnes pratiques pour limiter les conséquences de l’usage des pesticides dans l’arboriculture et protéger les riverains. Deux ans après, où en est-on ? Rencontre avec Christophe Barthier, chargé de mission à la Direction Départementale des Territoires de la Corrèze.

Protéger les riverains de la dérive des pesticides tout en préservant le potentiel de production de la filière pomme du Limousin : tels sont les objectifs de la charte de bonne conduite, qui se voulait celle de la conciliation et de l’apaisement. Après des périodes de vives tensions sur l’utilisation de pesticides dans les vergers corréziens, ce document est l’aboutissement d’un long travail de concertation initié en 2015, entre producteurs et riverains et sous l’égide du Préfet. La charte promeut « la maîtrise des risques liés à l’utilisation et à la dérive des produits phytosanitaires, particulièrement à proximité des lieux habités et des zones sensibles » tout en garantissant le potentiel de production des pomiculteurs. A cheval sur 3 départements, elle concerne une centaine de communes. Concrètement, les producteurs s’engagent à adapter leurs méthodes de travail (prendre connaissance des données météorologiques et de la force du vent avant tout traitement, maintenir ou développer les méthodes de bio-contrôle, de désherbage mécanique) et à aménager correctement les vergers (plantation de haies à double rang, pose de filets anti-dérive).

« La charte a bien fonctionné dès le départ, elle a également été perçue comme un outil de communication pour redresser l’image de marque de la filière auprès des consommateurs. Et puis il y a eu l’appui décisif des trois conseils départementaux de Corrèze, de Haute-Vienne et de Dordogne qui ont patronné la séance de signature de la charte. Fin 2018, 85% des pomiculteurs du territoire – coopératives ou entreprises individuelles – se sont engagés dans la charte. C’est un engagement massif. 27 km de haies ont été plantés et 3 manches à air installés pour indiquer la force du vent au moment des traitements, interdisant tout traitement si elles sont à 45° », précise Christophe Barthier, chargé de mission à la Direction Départementale des Territoires de la Corrèze. Ce travail a néanmoins ses limites : la fameuse charte n’a pas été validée par la chambre départementale d’agriculture de la Corrèze, dont le président est opposé à toute contrainte réglementaire supplémentaire. Sa position n’a toutefois pas empêché le processus d’adhésion et de signature.

Un comité de suivi se réunit deux fois par an et un comité de pilotage, avec l’ensemble des parties prenantes, une fois par an. Des indicateurs de suivi ont été définis dès le départ. D’autres sont en cours de finalisation, avec notamment la géolocalisation des signatures, l’avancement des projets de plantation de haies. « Il est certain que l’appel à projet de la Région en faveur de l’agro-écologie a été bénéfique pour la filière notamment en matière de financement de la plantation de haies. Nous mettons peu à peu en place des outils pour le suivi, avec, en chantier, une cartographie, le suivi de substances utilisées, et en réflexion le recensement des lieux sensibles. On peut dire aujourd’hui que les arboriculteurs ont intégré ce changement. L’ensemble des parties joue le jeu. Les maires ont un rôle d’intermédiation et d’identification des points sensibles à protéger, et de sensibilisation des pomiculteurs. Les associations se sont engagées à modérer leur communication et à faire confiance aux professionnels pour qu’ils changent leurs pratiques et en rendent compte. Cette charte et le changement des mentalités doivent beaucoup à Laurent Rougerie, président du syndicat de la pomme du limousin, défenseur de l’AOP pommes du Limousin, qui a un rôle très positif et milite en faveur de solutions innovantes pour développer des méthodes de bio-contrôle. C’est une politique de petits pas mais ce n’est pas un marché de dupes », tient à souligner Christophe Barthier.

*Les signataires de la charte :  Limdor, Meylim, AOP pomme du Limousin, Perlim (Sica du Roseix et Cooplim), Pom’padour, Allassac ONGF, AMLP (Alerte des médecins sur les pesticides), Phyto-victimes, les associations des maires de Corrèze et de Haute-Vienne, et depuis 2018 la Région Nouvelle-Aquitaine.

www.correze.gouv.fr/

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