Pesticides

« Pesticides sous tension » : une soirée finalement apaisée

Publié le 24 Février 2017
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On tente de nouvelles formes pour favoriser la prise de parole, dans une logique de communication bienveillante©GRAINE Aquitaine

La deuxième édition des Alchimies du collectif Place to B, intitulée « Pesticides sous tension » s’est tenue à Bordeaux le 3 octobre 2016. Ouverte à tous, la soirée d’échanges proposait de parler des pesticides « autrement », dans une optique résolument positive. Quelles alternatives aux phytosanitaires ? Quel rôle chacun peut-il jouer à son niveau pour sortir des pesticides ? Des questions tournées vers la construction « d’un nouveau récit, d’une nouvelle alchimie du verbe » … Nous y étions.

Bordeaux, rue de la Vieille Tour, 18h. Une soixantaine de personnes s’installent dans un décor atypique. Ici, pas d’estrade ni de bout de table, mais un cercle formé de canapés, chaises, poufs confortables, le tout dans une ambiance tamisée, sur fond d’écran géant avec un croquis projeté en temps réel qui accompagne la soirée. « C’est une forme de mise en scène qui permet de détourner les craintes. On tente de nouvelles formes d’expression pour favoriser la prise de parole, dans une logique de réconciliation, de communication bienveillante » explique Anne-Sophie Novel, animatrice de Place to B. Ce collectif rassemble journalistes, communicants, artistes, graphistes et chercheurs, et a pour ambition de mobiliser différemment sur l’écologie, en dépassant les paroles catastrophistes, culpabilisantes et les jargons en tout genre.

Et pour commencer l’alchimie, la parole est donnée à Laureline Kuntz, slameuse, catcheuse du verbe qui d’emblée boxe avec des métaphores pour évoquer les impacts de l’usage des pesticides sur la santé, l’environnement et implore l’assistance pour trouver des solutions alternatives. Suivent cinq témoins qui ont déjà fait avancer le débat sur un sujet délicat dans notre région. Marie-Lys Bibeyran, travailleuse de la vigne, dont le frère est décédé des suites d’un cancer suspecté d’être lié aux pesticides, est devenue lanceuse d’alerte sur les dangers des pesticides. Elle a obtenu la signature d’une charte pour limiter les pesticides près des zones où les enfants peuvent être exposés. Philippe Carille, viticulteur, membre de la commission technique du CIVB est venu témoigner de son passage en agriculture bio. Pauline Lejeune, citoyenne engagée avec l’association Générations Cobayes, a présenté son poster des 7 commandements de l’éco-orgasme, une campagne à destination des jeunes pour « protéger ses hormones ». Benoît Biteau, paysan agronome et Conseiller régional Nouvelle-Aquitaine, délégué à la mer a évoqué le syndrome des agriculteurs pris au piège de leurs vieilles habitudes et a formulé des propositions de politiques publiques pour accompagner les agriculteurs au changement de pratique. Quant à Martin Pigeon, militant chercheur au sein de l’observatoire européen des affaires CEO à Bruxelles, il a éclairé l’assemblée sur le fonctionnement de l’industrie des pesticides. Peu de participants ont finalement pris la parole pour réagir. Mais l’alchimie a eu lieu, rompant avec l’habituelle opposition empoisonneur/militant. En finir avec le déni, désamorcer, « Les alchimies, c’est le début d’une aventure : il s’agit de témoigner, semer, faire germer des solutions, » conclut Anne-Sophie Novel.

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