Pesticides

Une appli innovante alerte les riverains avant les épandages sur les pommiers

Publié le 14 Aout 2020
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L’objectif est d’alerter le plus tôt possible les riverains © Allassac ONGF

En Corrèze, les producteurs de pommes avaient déjà signé une charte de bonnes pratiques permettant la plantation de haies et l’installation de manches à air pour mesurer la force du vent avant de traiter les vergers. La médiation continue, avec la mise en place d’une application pour smartphone baptisée Phyto’alerte, pour prévenir les riverains des dates d’épandage. Explication avec Fabrice Micouraud, fondateur de l’association de riverains Allassac ONGF, à l’origine du projet.

Dans quel cadre cette application a vu le jour ?

Le projet murissait depuis des années, nous avions déjà défini l’outil et le cahier des charges, en attendant de pouvoir le développer. L’opportunité du financement s’est présentée fin 2019, grâce à un appel à projet lancé par la DREAL Nouvelle-Aquitaine, dans le cadre du Plan Régional Santé Environnement Nouvelle-Aquitaine, portant sur « Les initiatives visant à la réduction des expositions de la population aux pesticides ». Notre association de riverains Allassac ONGF, les représentants des arboriculteurs et l’ensemble des signataires de la Charte du Limousin ont répondu collectivement à cet appel à projet, proposant de faire développer cette application pour smartphone et d’acquérir une trentaine de nouvelles manches à air agricoles qui indiquent la force du vent. A 3 sur l’échelle de Beaufort (19 km/h), les pomiculteurs ne peuvent pas traiter. C’est une entreprise  spécialisée de la région de Brive, en Corrèze, (ARinsight) qui a développé cet outil sur la base de nos attentes et qui nous permet aujourd’hui d’être pionniers en matière de moyens de réduire l’exposition de la population aux pesticides. Bien sûr, nous militons en parallèle pour un changement de paradigme, à commencer par la transition en agriculture biologique aux abords d’habitations.

Comment fonctionne cette application ?

L’objectif est d’alerter le plus tôt possible les riverains afin qu’ils puissent s’organiser (éviter les barbecues, d’étendre son linge, de randonner…), dans l’idéal 48 heures en amont. Nous sommes sur des cultures hautes, avec 40 à 45 traitements annuels et une dérive des produits. L’application est simple d’utilisation. En 3 clics, on peut intégrer les infos essentielles : date, lieux et temps de phase de risque (6/12/24 ou 48 heures après traitements, en fonction de la toxicité des traitements pulvérisés), ce qui permettra d’alerter les riverains la veille ou l’avant veille des traitements et/ou au moment de leur réalisation. Les riverains qui ne seraient pas prévenus d’un traitement voisin en cours pourront toujours informer sur la réalisation d’un épandage non signalé. Si cette application ne permet pas de réduire les quantités de produits utilisés, elle conduit néanmoins à réduire l’exposition des populations par une information préalable qui permet de prendre des mesures minimales.

Quels enseignements tirer du lancement de cette application ?

L’application utilise une cartographie et fonctionne par géolocalisation. Elle concerne aujourd’hui 210 communes et 250 pomiculteurs en ex-Limousin et en Dordogne. Nous venons de lancer l’application mais plus d’un tiers des arboriculteurs a déjà commencé à l’utiliser. A ce jour, plusieurs associations en France et même en Belgique, ayant entendu parler de notre projet d’application, se sont rapprochées de nous pour connaître son fonctionnement. D’autres « Phyto’Alerte » pourraient voir le jour dans plusieurs régions, au regard de filières agricoles différentes, notamment dans les cultures pérennes, grandes consommatrices de pesticides, telles que la vigne ou l’arboriculture. Au delà des aspects sanitaires de réduction de l’exposition, cette application nous permet de continuer à générer du respect et de la compréhension réciproque afin d’intensifier ou renouer le dialogue entre professionnels et riverains. L’application est amenée à évoluer, notamment pour distinguer les différents types de traitements.

www.ongf.org/2020/02/
www.arinsight.fr/
www.facebook.com/PhytoAlerte/
www.nouvelle-aquitaine.prse.fr/

Le lien Apple store : itunes.apple.com/us/app/phytoalerte/
Le lien Google play : play.google.com/store/apps/details…

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