Risques émergents

Axe de recherche HEDEX à Poitiers : les perturbateurs endocriniens passés au crible

Publié le 11 Aout 2017
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Virginie Migeot, chef du service santé publique du CHU de Poitiers©GRAINE Aquitaine

Présents dans notre alimentation, dans l’eau, certains médicaments, produits cosmétiques et ménagers, les perturbateurs endocriniens entraînent une augmentation des troubles de la reproduction, des problèmes de stérilité, du diabète, de l’obésité ou encore des cancers. A Poitiers (Vienne), le Professeur Virginie Migeot a engagé des travaux de recherche sur l’exposition à ces substances, et plus particulièrement chez les femmes enceintes.

L’axe de recherche Hedex (Health, Endocrine Disruptors, Exposome) du Centre d’Investigation Clinique 1402 de l’INSERM, mobilise 14 enseignants chercheurs à Poitiers. Interdisciplinaire, il comprend chimistes, toxicologues, biochimistes, épidémiologistes et médecins de santé publique. « Notre objectif est de répondre à deux questions : comment mieux estimer l’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens ?  Et comment prévenir et réduire l’exposition à ces substances ? » explique Virginie Migeot, qui dirige le service santé publique du CHU de Poitiers. Les perturbateurs endocriniens vont être étudiés, caractérisés et les mécanismes décortiqués ; que devient le bisphénol A, une fois passé dans le foie ? Comment l’organisme le modifie, quels en seront les effets ? Il faut donc détecter voire quantifier les perturbateurs endocriniens dans différents liquides ou tissus biologiques comme l’urine, le tissu adipeux, le sang, le lait maternel ou d’autres tissus biologiques provenant de femmes enceintes et de cohortes de patients.

« Actuellement, nous analysons les résultats issus d’une cohorte de deux cents femmes enceintes du département des Deux-Sèvres, suivies pendant toute leur grossesse. Il s’agit d’estimer l’exposition périnatale aux perturbateurs endocriniens. D’autres projets sont en cours et concernent les prématurés, des patients diabétiques ou insuffisants rénaux. Pour répondre à notre seconde question, nous développons des projets de recherche interventionnelle visant la réduction des risques d’exposition. Un groupe de femmes participe actuellement à des ateliers pratiques pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens pendant la grossesse. Au sein de l’Atelier du 19, appartement pédagogique en santé-environnement situé dans un quartier populaire de Poitiers, ces femmes apprennent à fabriquer leurs produits ménagers, leurs cosmétiques, à changer leurs habitudes de consommation. Un second groupe dispose simplement d’informations théoriques. Nous allons vérifier si cela a des effets sur « les issues de grossesse », c’est-à-dire sur le poids de l’enfant à la naissance, le taux de perturbateurs que l’on retrouve dans le lait maternel. Nos conclusions pourraient servir à mener une grande campagne de prévention », conclut le Pr Migeot.

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