Risques émergents

Nanomatériaux, que sait-on des risques pour la santé ?

Publié le 05 Février 2016
A+ A-
Nano signifie un milliardième de mètre©A. Garrigou

Présents dans nos aliments, vêtements, cosmétiques, médicaments, prisés par le secteur de l’aéronautique ou encore de la construction, les nanomatériaux sont discrètement rentrés dans nos vies. Invisibles mais omniprésents. Qui sont-ils ? Que sait-on des impacts sur la santé ? Rencontre avec Alain Garrigou, professeur des universités en ergonomie à l’IUT de Bordeaux, Département Hygiène, Sécurité & Environnement.

Comment se définit une nanoparticule ?

Les nanoparticules se définissent par leur taille : « nano », comme nanomètre, c’est un milliardième de mètre. On est dans l’infiniment petit, ce qui n’est pas anodin. Les nanomatériaux sont divisés en beaucoup plus de particules, et présentent une surface spécifique, bien plus importante, ce qui génère une plus grande réactivité à l’environnement. On distingue les nanoparticules qui existent à l’état naturel, dans les éruptions volcaniques par exemple, de celles qui naissent de l’activité humaine, comme les particules fines issues des fumées de diesel. Enfin, il y a les nanoparticules manufacturées, intentionnellement créées par l’homme, comme les nanotubes de carbones.

Où les trouve-t-on ?

Les nanoparticules donnent aux matériaux auxquels elles sont incorporées des propriétés physiques, chimiques ou biologiques hors du commun : robustesse, élasticité, adhérence, conductivité, réactivité… Ceci intéresse les industriels de multiples secteurs. On en trouve dans les pneus des voitures, les batteries, les vêtements de sport, le textile (antibactérien), les produits électroménagers, les appareils électroniques, les ciments, les peintures, les équipements médicaux, les pesticides… mais aussi dans les crèmes solaires (comme filtre contre les rayons ultraviolets) et l’alimentation. Bref, on en trouve partout ! Les nanotechnologies sont en plein essor. Et les produits qui en découlent devraient connaître une croissance qui se chiffre en milliards d’euros.

Existe-t-il des risques sur la santé humaine ?

Du fait de leur très petite taille, ces nanoparticules peuvent pénétrer dans l’organisme, à travers la peau et franchir la barrière cutanée, pour migrer dans différents endroits. Des tests menés in vitro et in vivo sur des rats et souris ont montré que certaines particules pénètrent par les voies respiratoires et remontent au cerveau par le nerf olfactif. Cette mobilité les rend potentiellement dangereuses, si le produit est toxique. Il existe par exemple des risques avec les nanotubes de carbone, présents dans les équipements automobiles ou les écrans souples. Des tests ont montré qu’ils peuvent provoquer des effets sur les cellules avec des processus inflammatoires et cancérigènes similaires à l’amiante. On suspecte fortement des risques mais la production des connaissances sur les effets est en cours. Les incertitudes restent grandes quant aux effets sur la santé et l’environnement, et les recherches doivent être poursuivies.

Où en est la recherche, justement ?

Du point de vue de la recherche, trois enjeux importants se développent : les enjeux technologiques (développement industriel), la caractérisation des effets sur la santé (toxicologie) et la capacité à mesurer les expositions (travail/environnement). Il existe aujourd’hui un réel décalage entre ces trois enjeux, entre la production de connaissances et les avancées technologiques, toujours plus innovantes et rapides. En matière d’innovation, il est essentiel d’intégrer ces trois enjeux dès le départ des projets.

Une aide au repérage des nanomatériaux en entreprise :

http://www.inrs.fr/media.html?refINRS=ED%206174

Les articles suivants peuvent vous intéresser