Risques émergents

Perturbateurs endocriniens, quelles menaces pour la santé et l’environnement ?

Publié le 19 Décembre 2014
A+ A-
Hélène Budzinski, responsable du LPTC-EPOC de l'Université de Bordeaux

Canettes, tickets de caisses, biberons, cosmétiques : quel point commun y a-t-il entre ces produits ? Tous peuvent contenir des perturbateurs endocriniens. Autrement dit, tous peuvent perturber le système hormonal avec des effets potentiels multiples. Décryptage avec Hélène Budzinski, responsable du laboratoire de physico et toxico-chimie de l’environnement groupe de recherche de l’UMR EPOC de l’Université de Bordeaux.

Comment peut-on définir un perturbateur endocrinien ?

Les perturbateurs endocriniens ne sont qu’une des catégories des « nouveaux polluants » qui s’empilent dans notre environnement. Ils désignent des molécules qui perturbent les systèmes hormonaux et affectent les capacités de l’homme ou des animaux à se reproduire. C’est aujourd’hui clairement une préoccupation majeure. Des espèces peuvent disparaître.

Existe-t-il aujourd’hui des preuves formelles de l’action de ces substances ?

Il s’agit d’une thématique de recherche qui date d’environ 25 ans. Nous avons effectivement des preuves de l’impact de ces substances sur les populations animales exposées à ces composés chimiques. On a pu par exemple constater une féminisation des poissons dans des cours d’eau, ou la disparition, sous l’action d’un produit chimique présent dans des peintures anti-salissure pour bateau, d’un mollusque gastéropode sur le bassin d’Arcachon : il ne restait plus que des mâles. Nous avons essayé de comprendre s’il s’agissait d’une pression anthropique ou naturelle. Les pesticides ont été parmi les premiers composés chimiques pointés du doigt. Depuis, la liste s’est allongée… Pour le Bisphénol A que l’on retrouve en particulier dans les plastiques, biberons, bouteilles, la France a réagi plutôt rapidement pour interdire la fabrication et la vente de biberons qui en contiennent.

Où trouve-t-on des perturbateurs endocriniens ?

Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans l’environnement : dans notre cuisine ou dans notre salle de bains, dans les cannettes ou les boîtes de conserve, dans certains fruits et légumes sous forme de traces de pesticides. Mais aussi dans la plupart des produits d’hygiène et de beauté (savons, gels douche, shampooings, déodorants…), au bureau dans les stylos qu’on utilise tous les jours, ou sur les tickets de caisses imprégnés d’encre… On en retrouve un grand nombre dans l’eau et dans les stations d’épuration, que l’on traite aujourd’hui assez bien, même si  certains types ne sont pas entièrement dégradés.

www.epoc.u-bordeaux.fr

Les articles suivants peuvent vous intéresser