Risques émergents

Poitiers : quand chercheurs et acteurs de terrain travaillent ensemble sur les perturbateurs endocriniens

Publié le 10 Novembre 2016
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Un programme d'éducation pour la santé environnementale périnatale peut-il modifier les habitudes de consommation @ CHU Poitiers

Un projet de recherche interventionnelle en santé publique sur la question des perturbateurs endocriniens s’est mis en place dans l’ex-Poitou-Charentes. Fin 2016, une étude doit commencer auprès de 170 femmes enceintes. Marion Albouy-Llaty, maître de conférences en épidémiologie et prévention à l’Université de Poitiers et praticienne au Centre Hospitalier Universitaire de Poitiers, coordonne une première étude, dans le cadre du dispositif « DisPRoSe ».

Tout d’abord, qu’est-ce que DisPRoSe ?

DisPRoSe est un dispositif partenarial de recherche interventionnelle en promotion de la santé environnementale, qui réfléchit à la mise en œuvre et l’évaluation de programmes et politiques susceptibles d’avoir un effet positif sur les déterminants de la santé dans une population. Il est composé d’acteurs de terrain, de chercheurs et de décideurs institutionnels. DisPRoSe s’inscrit dans une perspective interdisciplinaire de santé publique, associant des compétences scientifiques, psychosociales, épidémiologiques, sociologiques et économiques. C’est une façon de travailler novatrice, tant sur la méthode que sur le sujet. A ce jour, peu de programmes en recherche interventionnelle traitent de la santé environnementale.

Un premier projet baptisé PREVED est initié par DisPRoSe, quel est ce projet ?

Cette première étude PREVED a été initiée et financée par la Fondation de France. Elle rassemble plusieurs acteurs institutionnels et acteurs de terrain* ainsi que les chercheurs de l’axe Santé Environnementale, Perturbateurs endocriniens, EXposome du Centre d’Investigation Clinique 1402-INSERMCHU de Poitiers et des chercheurs en sciences sociales et en économie de la santé. Il s’agit d’évaluer l’impact d’une intervention d’éducation en santé environnementale, sur la modification des habitudes de consommation et sur la perception du risque lié aux perturbateurs endocriniens auprès d’une population de femmes enceintes.

Quelle est l’hypothèse de recherche sur cette étude ?

La grossesse est une période de forte vulnérabilité sur laquelle les interventions de prévention doivent se concentrer. On sait aujourd’hui qu’une exposition aux perturbateurs endocriniens peut avoir des effets non seulement sur la mère et l’enfant mais aussi sur sa descendance. Un programme d’éducation pour la santé environnementale périnatale peut-il modifier les habitudes de consommation et la perception du risque lié à une exposition prénatale aux perturbateurs endocriniens ? C’est l’hypothèse de recherche. Par ailleurs, le fait de contextualiser cette sensibilisation dans le logement pédagogique, L’atelier du 19 à Poitiers, permettrait d’améliorer le changement de comportement et servirait également de prétexte pour sensibiliser d’autres acteurs (professionnels de la périnatalité, entourage, quartier, …) : c’est la deuxième hypothèse.

Où en est l’élaboration du projet ?

Le projet a débuté il y a maintenant 2 ans. Nous avons développé le questionnaire de perception des risques liés aux perturbateurs endocriniens. Le recrutement de l’étude devrait démarrer fin 2016 auprès d’une cohorte de 170 femmes enceintes qui seront suivies pendant toute leur grossesse et jusqu’à un an après.

* Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, DREAL Nouvelle-Aquitaine, Mutualité Française Poitou-Charentes, IREPS Poitou-Charentes, GRAINE Poitou-Charentes, Conseil départemental de la Vienne, Protection Maternelle Infantile (PMI).

http://cic0802.labo.univ-poitiers.fr/axes-de-recherche/axe-6/

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