Sols, nature, jardins

Les agriculteurs creusois en lutte contre l’ambroisie

Publié le 08 Septembre 2017
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Amélie Bodin et Laurent Chabrol en mission d'inventaire dans un champ © GRAINE Aquitaine

Pour se débarrasser de l’ambroisie, aucune formule miracle n’a encore été trouvée à ce jour. La plante se développe et s’adapte à tous les environnements, y compris les champs des agriculteurs. La meilleure solution est de travailler collectivement à la lutte contre cette plante invasive et hautement allergène. L’exemple de la Creuse prouve que lorsqu’un département s’attaque résolument au problème de la prolifération, les surfaces infestées peuvent être réduites.

Dans la Creuse, l’ambroisie, invasive, est devenue un fléau pour les agriculteurs. Champs céréaliers, tournesol, maïs, chanvre… Elle étouffe les cultures et provoque des allergies. Si son éradication est utopique, la lutte contre sa prolifération est possible. Dans ce département, on a décidé d’agir collectivement et précocement pour éviter de subir la même invasion que dans d’autres territoires, notamment le Rhône.

Le plan de bataille préventif associe de nombreux acteurs : la Chambre d’agriculture, l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, le Conseil départemental, la Direction Départementale des Territoires, les communes, le Conservatoire botanique national du Massif central, les particuliers, associations d’éducation à l’environnement et de randonneurs… Ici, les propriétaires fonciers se sont engagés à détruire la plante dans leurs terrains et jardins et la commune sur les bords des routes, des chemins et les berges de rivières. Les conseillers agricoles ont été formés pour accompagner les agriculteurs dans la gestion à mettre en œuvre. Cette « croisade », orchestrée dans la Creuse par le Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement des Pays Creusois consiste à repérer la plante, la gérer et la contenir.

« Des inventaires ont été réalisés ; la présence de l’ambroisie est constatée sur tout le croissant nord de la Creuse. Il suffit de 5 grains de pollen par mètre cube d’air pour que les symptômes apparaissent ! Les plus courants sont de même nature que le rhume des foins : rhinite, conjonctivite, urticaire, crise d’asthme, etc. » souligne Amélie Bodin, responsable pédagogique et chargée de projet plantes exotiques envahissantes au CPIE des Pays Creusois. Alors comment limiter son développement ? Quelles solutions pour diminuer la prolifération de cette plante invasive ? « Si cette espèce pionnière et opportuniste aime les friches, les bords de routes, les cours d’eau, elle ne supporte pas la concurrence d’une végétation dense comme les prairies permanentes, » affirme Laurent Chabrol, responsable de l’antenne Limousin du Conservatoire Botanique National du Massif Central.

Et si le développement de l’ambroisie coïncide avec celui de la culture, il est important de la repérer rapidement pour adapter le mode de lutte. « Plusieurs méthodes sont possibles comme le déchaumage, le binage, le broyage, l’inter-rang, la maîtrise des rotations, la lutte chimique, l’utilisation de couverts végétaux permanents pour certains types de cultures » précise Lucile Hanryon, conseillère agricole de la Chambre d’agriculture de la Creuse. Et ça fonctionne : « D’une année sur l’autre, lors de nos inventaires, des parcelles entières d’ambroisie disparaissent à 80% comme au Saut du loup, un lieu-dit où un agriculteur avait perdu la moitié de sa récolte. Les résultats sont encourageants. Mais cela demande des actions concertées sur le long terme car les plantes peuvent rester viables plus de dix ans dans les sols », prévient Amélie Bodin. La croisade est loin d’être terminée…

www.plantes-exotiques-envahissantes-limousin.fr

Conservatoire Botanique National du Massif Central : www.cbnmc.fr

www.cpiepayscreusois.com

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