Urbanisme / Aménagement

Céline Garnier : Le rôle d’un coordinateur d’EIS ? Etre présent à toutes les étapes du projet !

Publié le 27 Septembre 2019
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Céline Garnier de l’ORS NA © GRAINE Aquitaine

Mettre en œuvre une Evaluation d’Impact en Santé requiert des compétences scientifiques et analytiques, notamment dans le traitement des données, mais également de gestion de projet. Epidémiologiste au sein de l’Observatoire Régional de la Santé Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux, Céline Garnier s’est formée dès 2013 à cette méthode et fait partie des experts de la région. Quel est son rôle ? Quels sont les défis ? Explications sur les perceptions de cette démarche, ses atouts …

Où avez-vous été formée à la méthode EIS ?
Sur proposition de l’INPES-Santé Publique France, j’ai bénéficié d’une formation de 4 jours, par l’université anglaise de Liverpool sous l’égide d’Alex Scott Samuel du consortium IMPACT qui dirigeait des formations sur ce thème. En 2013, les formations sur les Evaluations d’Impact en Santé (EIS) étaient rares. Aujourd’hui, l’EHESP de Rennes est devenue un acteur quasi incontournable pour les personnes souhaitant se former à la démarche. Au sein de l’Observatoire Régional de la Santé Nouvelle-Aquitaine, les compétences ont été renforcées avec la formation en 2018 de Stéphane Robin à l’EHESP.

Comment a été impulsée la démarche en Nouvelle-Aquitaine ?
L’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine est un acteur-clef du développement des EIS sur la région et le PRSE Nouvelle-Aquitaine prévoit d’en soutenir deux par département. La démarche est aussi reprise dans certains contrats locaux de santé (CLS), dont celui de Bordeaux Métropole. En ex-Aquitaine, c’est l’EIS du Tasta, à Bruges en Gironde, aujourd’hui terminée, qui a été le projet-pilote de la démarche via un appel à projets de Santé publique France. Pilotée par l’ARS et Bordeaux Métropole, a permis de réunir un nombre important d’acteurs, dont l’ORS, et de concrétiser la démarche. Des EIS avaient également été initiées à Bressuire et La Rochelle en ex-Poitou-Charentes, l’ORS ayant été associé à cette dernière. Des outils ont été mis en place par l’ARS, comme COMODEIS pour accompagner et faire connaître les EIS dans la région.

Quel rôle avez-vous dans la conduite d’une EIS ?
La démarche concerne une grande variété d’acteurs et il est essentiel, pour chaque étape, de savoir lesquels doivent être impliqués, peuvent être consultés et quelles fonctions ils doivent endosser. Selon les cas, l’ORS peut être amené à travailler seul ou avec d’autres acteurs de santé publique. Ainsi, suivant la configuration, mon rôle peut évoluer. Une des fonctions que j’exerce est celle d’évaluateur principal et donc de coordinateur d’un groupe de travail : je recueille, j’analyse les données (données quantitatives, qualitatives ou revues de la littérature) et je rédige le rapport d’EIS avec les recommandations. Prônant les démarches partenariales, plus riches et formatrices, je synthétise l’ensemble des productions du groupe de travail mis en place. Je suis présente à toutes les étapes du projet et également au comité de pilotage, qui définit les objectifs et le périmètre de l’EIS et valide la méthodologie et son calendrier. Là aussi, j’interviens pour aider au cadrage de l’évaluation et présenter les différentes étapes en cours.

Quels peuvent être les freins pour s’engager dans cette démarche ?
Nous avons parfois des difficultés à sensibiliser les élus. Certaines critiques sont récurrentes : l’EIS est perçue comme chronophage et trop technique dans sa mise en œuvre. Je dirais qu’il s’agit de trouver un équilibre en allégeant la démarche et en travaillant sur la communication. Il est important de mener l’évaluation au bon moment et de communiquer la bonne information aux bonnes personnes au moment le plus opportun. Si l’EIS est un processus technique elle doit être considérée comme un outil d’aide à la décision et ne pas ralentir la mise en œuvre du projet.

Quel est l’intérêt principal de la démarche ?
Une EIS repose sur l’interdisciplinarité, la démocratie sanitaire et la lutte contre les inégalités de santé. L’intérêt principal est sa dimension partenariale et transversale. Elle permet de travailler en collaboration pour atteindre des objectifs de prévention et de promotion de la santé en intégrant la santé dans toutes les politiques. Indépendamment des résultats obtenus, une EIS sera bénéfique si les acteurs concernés parviennent à travailler ensemble sur les déterminants de santé. Cette expérience enrichissante permet de faire prendre conscience aux élus et aux techniciens que leurs décisions peuvent avoir des impacts considérables sur la santé de leurs concitoyens.

www.ors-na.org
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