Pesticides

Du gris au vert : un rallye pour des cimetières sans pesticides

Publié le 08 Décembre 2023
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le CPIE des pays creusois propose pour la troisième année des visites in-situ pour partager les expériences : « un rallye des cimetières » @ CPIE Pays Creusois

Exit les « 50 nuances de gris », les allées entièrement minéralisées, recouvertes de graviers généreusement imbibés de désherbant : place au végétal, à de nouvelles nuances de vert. Olive, émeraude, turquoise, menthe… Travailler sur la mise en herbe d’un lieu si symbolique demande à repenser sa gestion et sa communication. Pour accompagner les élus et techniciens communaux, le CPIE des pays creusois propose pour la troisième année des visites in-situ pour partager les expériences : « un rallye des cimetières » sur une semaine. L’initiative, originale, remporte un certain succès.

Avec la loi Labbé, c’est une obligation en France depuis le 1er juillet 2022 : les pesticides sont interdits dans les cimetières. Goudronner pour éviter les mauvaises herbes n’est pas une bonne idée, à l’heure du réchauffement climatique. L’enherbement est une des alternatives privilégiées pour limiter les espace minéraux. C’est une réponse à l’arrêt des produits phytosanitaire, mais elle suppose cependant quelques techniques spécifiques. La tâche est d’autant plus rude qu’il faut aussi composer avec les usagers.

Dans la Creuse, le CPIE organise depuis 3 ans un « Rallye des cimetières », pour faire partager l’expérience des différentes communes, en partenariat cette année avec le CAUE. Les demandes de communes affluent, une quinzaine au total sur la semaine pour l’édition 2023.

« Ce rallye fait suite aux formations que nous proposions une fois par an sur le territoire pour anticiper l’interdiction des pesticides» souligne Céline Meunier, du CPIE des pays creusois. « Se passer de produits chimiques oblige à réaliser des aménagements pour diminuer la contrainte du désherbage : enherbement des allées ou des surfaces minérales, plantations d’arbres, d’arbustes, de vivaces, de plantes couvre sol, acceptation de la flore spontanée. Se déplacer in situ pour comparer les techniques, la démarche, se parler de pair à pair, prendre le temps d’échanger : cette formule fonctionne très bien . D’autant que cette nouvelle gestion interpelle en général les habitants ».

Pour Marin Baudin, paysagiste conseil du CAUE de la Creuse, qui coorganise ce rallye : « En terme d’échanges, l’inquiétude pour beaucoup, c’est le travail supplémentaire qu‘un entretien sans produits chimiques peut nécessiter, son coût et l’adhésion de la population. Cela remue les habitudes. Lors de la transition, la prolifération des mauvaises herbes au cimetière peut être ressentie comme de la négligence. Les familles qui viennent se recueillir s’indignent de l’état du lieu. Il s’agit aussi de communiquer auprès des administrés pour expliquer ce changement. Et lever les réticences. »

Le rallye débute par un apport théorique avec le rappel de la réglementation en début de semaine en salle. «  C’est aussi le moment où l’on parle de l’impact sanitaire et environnemental des herbicides, des effets îlot de chaleur, de l’imperméabilité des sols, et de sa qualité, dégradée par des décennies de pesticides » précise Marin Baudin. « Je questionne également la dimension culturelle du cimetière, d’autant que celle-ci évolue. Le cimetière peut être aujourd’hui considéré comme un espace public, un lieu de promenade, un havre de biodiversité mais aussi un lieu d’histoire avec un important patrimoine funéraire. Un cimetière, ça raconte aussi les vivants et il est important que ces lieux restent attractifs. La végétalisation apaise les lieux, les plantes apportent de la vie. »

Six cimetières ont été visités sur 4 jours.  Chaque commune réinvente sa manière de composer avec la nature, certains ont même fabriqué leur propre outil-maison pour déraciner les adventices qui poussent dans les graviers. D’autres se lancent dans le cimetière naturel avec des tombes en pleine terre, une nouvelle approche qui répond à une demande sociétale.

Plus d’infos sur site de l’Escuro / CPIE des pays creusois

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