Un protocole local novateur pour la prise en charge des piqures de tiques dans la Creuse
Une conférence grand public avec le CPIE des Pays Creusois
Une vingtaine de pharmaciens et infirmiers de la Creuse sont désormais autorisés à administrer un antibiotique permettant de prévenir la maladie de Lyme. Il s’agit d’un protocole local « Tique » mis en place par la CPTS La Licorne qui permet d’avoir des conseils et de recevoir éventuellement un traitement adapté. Et le tout, sans passer par la case « médecin » mais sous sa supervision. Explications avec Matthieu Chaigneau, médecin co-fondateur de la CPTS La Licorne, exerçant à Crocq.
Dans quel contexte est né ce projet ?.
La Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS*Conseil Professionnel Territorial de Santé) La Licorne a été créée en 2023 dans le Sud Est creusois. Elle a pour visée d’améliorer la situation sanitaire à l’échelon local. Dans le cadre de l’axe « accès aux soins », nous avons soulevé la problématique de la réduction des délais d’accès à une prise en charge. En clair, quelle consultation peut être évitable afin de libérer du temps pour d’autres patients ?
Initialement nous avions prévu de mettre en place un protocole local de coopération sur la cystite mais le protocole est devenu national en tombant dans le droit commun. Nous avons réorienté notre projet sur une spécificité de notre territoire. L’ex-Limousin est l’une des régions qui compte le plus fort taux d’incidence de la maladie de Lyme. Il nous a semblé pertinent de travailler sur cette question, qui suscite beaucoup d’anxiété.

Quels sont les objectifs de ce protocole et comment l’action a été déployée?
Je suis installé à Crocq depuis 6 ans. Nous sommes sur un territoire rural avec une centaine de professionnels de santé et un contexte de démographie médicale à la baisse. L’objectif était double : optimiser le temps médical et tester un protocole local de coopération qui soit duplicable sur d’autres CPTS*Conseil Professionnel Territorial de Santé. L’idée était de déléguer la prescription d’antibiotiques à partir du moment où l’on caractérise le stade 1 de la maladie de Lyme, notamment via l’érythème migrant qui en est la manifestation caractéristique.
Nous souhaitions que cette prescription soit accessible aux pharmaciens et aux infirmiers. La coordinatrice de la CPTS*Conseil Professionnel Territorial de Santé nous a épaulés pour construire un protocole et créer une formation spécifique pour former les professionnels de santé, non seulement au protocole mais aussi à la problématique traitée. La formation a été dispensée par un pharmacien, un médecin, une infirmière libérale, les référentes ARS*Agence Régionale de Santé et CPAM*Caisse Primaire d'Assurance Maladie Creuse sur les soins de premiers recours ainsi qu’un professeur du CHU*Centre Hospitalier Universitaire de Limoges, chef de service infectiologie également référent des centres de prise en charge des maladies vectorielles à tiques. Elle a rassemblé une vingtaine de professionnels de santé du territoire sur une journée complète. Le document unique de prise en charge a ensuite été validé par l’ARS.

Quelle suite à ce projet ?
En 5 mois, nous avons compté 42 protocoles. C’est une bonne chose. Le dispositif fonctionne bien. Nous allons proposer une deuxième formation en mars 2026. Nous avons notamment une demande de formation en direction des assistants médicaux et préparateurs en pharmacie. Même s’ils ne deviennent pas délégués, ils sont aussi proactifs dans la démarche du protocole. C’est le premier contact des patients. L’idée, c’est qu’il y ait une cohérence médicale afin de contrer les idées reçues autour de la maladie de Lyme et de mailler le territoire.
En parallèle, nous avons rencontré le CPIE*Centre Permanent d'Initiatives pour l'Environnement des Pays Creusois avec qui nous avons co-construit une fiche conseil sur les tiques et la maladie de Lyme, disponible chez les professionnels de santé. Nous avons également proposé une conférence grand public début octobre, que nous souhaitons renouveler.
Vous souhaitez en savoir plus sur cette thématique ?
Consultez le site Agir-ese.org, des ressources pour agir en Éducation et promotion de la Santé-Environnement.
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