Les ordonnances vertes se multiplient en Nouvelle-Aquitaine : comment se lancer ?
Grand Cognac a lancé ses paniers Chou’bidou en juin 2025
Le principe ? Fournir aux femmes enceintes des paniers de légumes bio et les sensibiliser aux dangers des polluants, pesticides et perturbateurs endocriniens à travers des ateliers « Nesting ». L’ordonnance verte, née à Strasbourg en 2022, se déploie en Charente et dans les Deux-Sèvres. D’autres projets sont en discussion. Tour d’horizon sur les différentes modalités.
Depuis l’initiative strasbourgeoise, l’idée a essaimé. Une vingtaine d’expérimentation existe déjà en France et plusieurs sont en cours d’élaboration, selon une carte réalisée par l’association « Alerte des médecins sur les pesticides » (ALMP). En septembre 2024, la députée écologiste Sandra Regol a par ailleurs déposé une proposition de loi visant à généraliser une ordonnance verte financée par l’État, sur le budget de la Sécurité sociale.
Pour mesurer les effets du dispositif, une étude clinique menée par l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) doit débuter en octobre 2025, en partenariat avec les hôpitaux universitaires de Strasbourg. Elle va étudier la diminution de l’exposition aux perturbateurs endocriniens chez les bénéficiaires de ces paniers.

Des communes de toutes tailles
Les ordonnances vertes suscitent une collaboration transversale entre des professionnels de la santé, des réseaux d’agriculteurs en bio, des élus et de nombreux autres acteurs. La Nouvelle-Aquitaine a vu émerger des projets d’ordonnances vertes aux formats variés, portés par des collectivités de tailles différentes. Car il n’existe pas un modèle mais bien des adaptations locales possibles.
A Chizé, commune de 2000 habitants dans les Deux-Sèvres, l’ordonnance verte a commencé au printemps 2025 pour 4 femmes enceintes, à l’initiative d’un médecin de campagne à la retraite, Christian Quichaud, bénévole de l’association ALMP :
« Avec ALMP, nous souhaitons généraliser cette expérience qui a pris racine à Strasbourg. Pour rappel, le plus important pour nous, c’est la sensibilisation aux perturbateurs endocriniens, condition pour accéder aux paniers bios. L’alimentation représente le canal principal de contamination, à hauteur de 80 %. C’est ce levier que nous souhaitons activer. Les risques sont désormais connus : fausse couche, prématurité, malformations ou encore troubles du comportement liés à cette pollution invisible ».

Implication essentielle des collectivités.
La participation des collectivités territoriales est essentielle au projet, comme l’explique Christian Quichaud : « Nous avons rédigé une charte et mettons à disposition des documents : flyers, affiches, argumentaire scientifique, courrier pour une municipalité, solutions pour l’organisation pratique des ateliers ou encore convention avec un groupement d’agriculteurs Bios. »
Pour Chizé, Christian Quichaud était en contact direct avec le maire, ainsi que le réseau d’infirmières Azalée qui anime les sensibilisations aux PE*Perturbateurs Endocriniens : substance ou mélange qui perturbe le système hormonal..
Après Chizé, Brioux sur Bretonne qui a signé en juillet sera la deuxième commune des Deux-Sèvres à se lancer. « Melle, à qui j’ai présenté le projet en conseil municipal a également adopté l’ordonnance verte », conclut Christina Quichaud.

De nombreux partenaires à solliciter.
Quel est le nombre de femmes pouvant bénéficier du dispositif? Quel est leur taux de prise en charge? Sur quelle durée? Quelle est la composition des paniers bios? Quels budgets peuvent y être alloués? Quelles sont les conditions d’accès au panier? Qui pour animer les ateliers?
Pour répondre à toutes ces questions, les partenaires à mobiliser sont nombreux : Contrat Local de Santé (CLS*Contrat Local de Santé) ou encore du Plan Alimentaire Territorial (PAT*Plans Alimentaires Territoriaux), Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS*Conseil Professionnel Territorial de Santé), qui peuvent faciliter la coordination des professionnels de santé dans la phase de mise en œuvre du dispositif, GAB (Groupement des Agriculteurs Biologiques) qui font le lien avec leur réseau de producteurs bio…
A noter que la MAB 16 ( Maison de l’Agriculture Biologique de la Charente) a reçu un financement du Département pour promouvoir les ordonnances vertes. Elle a pu ainsi accompagner 3 dispositifs sur son territoire.
Une dynamique en pleine expansion en Nouvelle-Aquitaine.
C’est l’agglomération de Grand Angoulême qui a été pionnière, en proposant en juin 2024 ses paniers « Jeunes Pousses » à 150 femmes. Deux autres initiatives ont vu ensuite le jour, accompagnées par la MAB 16, les communes de Terres-de-Haute-Charente et Grand Cognac.
Julia Barbet, conseillère territoriale au sein de la MAB 16 a accompagné Grand Cognac dans le lancement ses paniers Chou’bidou. Elle fait le point sur ce service, proposé à 50 femmes depuis juin 2025 dans le cadre du PAT*Plans Alimentaires Territoriaux :
« Les produits sont fournis par le collectif Gogocagette. Nous avons fait le lien avec les producteurs, organisé la logistique. Les paniers d’une valeur de 16 euros sont composés de 3 parts de légumes et 2 parts de produits alternants entre : œufs, produits laitiers, pâtes, farine, pain, miel, etc. Les paniers sont distribués dans les points de retraits déjà proposés par l’association pour le click and collect, soit 7 points de retraits à ce jour.
En Sud Charente, 3 communes ayant assez peu de naissances se sont regroupées afin de mettre en place le dispositif des ordonnances vertes. Dans leur cas, ce n’est pas un groupement de cultivateurs, mais des producteurs individuels qui fournissent les paniers. Il est possible de construire des dispositifs d’ordonnances vertes adaptés à chaque réalité locale. »
Le PETR*Pôle d’équilibre territorial et rural du Ruffecois commence également à y réfléchir, ainsi que Limoges et Bordeaux Métropole.
Vous souhaitez en savoir plus sur cette thématique ?
Consultez le site Agir-ese.org, des ressources pour agir en Éducation et promotion de la Santé-Environnement.
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