Fini le temps de la voiture comme moyen ultime pour se déplacer ! Pour inciter les citadins à rompre avec leurs habitudes, les villes façonnent de nouvelles formes de mobilités alternatives. Depuis des années, Bègles, ville pionnière, explore d’autres manières de concevoir les déplacements. Rencontre avec Clément Rossignol-Puech, élu aux mobilités urbaines.
« Ce n’est pas facile d’induire de nouveaux comportements, il faut donner envie de dépasser les contraintes. La Ville de Bègles a misé sur un panel de solutions ; libre ensuite à chacun de personnaliser et d’optimiser ses trajets » explique Clément Rossignol-Puech. Lui-même a troqué le volant contre un guidon il y a 6 ans déjà, naviguant entre triporteur, vélo à assistance électrique équipée de 2 sièges enfant, et autopartage pour combler l’insoluble question des lieux mal desservis. « Historiquement, Bègles est une ville de cyclistes : les cheminots, les ouvriers se rendaient à vélo sur le lieu de travail. On essaie de retrouver ce passé. » Et pour favoriser des mobilités durables et endiguer l’ère du tout voiture, il faut non seulement donner envie, innover, mais aussi élargir les propositions de solution : signalétiques piétonnes, carte des itinéraires malins piétons/vélo dans le cadre du PAVE, aménagements cyclables attractifs avec pistes réservées, arceaux à vélo, installation d’un box vélos de 14 places aux Terres-Neuves, 5 stations VCUB à proximité de transports en commun pour favoriser l’intermodalité, quartiers apaisés avec limitation de vitesse à 30 km/heure, une station d’autopartage avec 2 véhicules à disposition de Citiz Bordeaux (50% d’abonnés en plus par an)… Sans parler de l’extension de la ligne C du tramway, désormais en fonction depuis le 16 mars, qui traverse la ville du Nord au Sud, avec la création d’un parc relais provisoire de 200 places à la gare de Bègles, 264 arbres plantés, et 8300 m² d’espaces verts créés autour du tram.
Mais la mise en place d’outils techniques s’accompagne dans un même temps d’un vaste programme de sensibilisation et d’éducation aux nouveaux comportements, pour impliquer les citoyens dans les décisions locales. Ainsi, les premières lignes de « pédibus » pour les écoliers existent depuis 2004, avec 20 lignes sur 4 écoles. Depuis 3 ans, des ambassadeurs du vélo en service civique aident les Béglais dans leur usage de la petite reine : prêt de vélo pliant, électrique, recherche du bon itinéraire, stage de remise en selle, intervention dans les écoles pour redonner les conseils de sécurité…
En septembre 2015, une maison des mobilités et du vélo doit ouvrir ses portes place Gambetta, gérée par l’association« Cycle et Manivelle ». Ses principaux objectifs : du conseil en mobilité, des ateliers participatifs de réparation, une ressourcerie, le prêt de vélos atypiques et traditionnels… La Ville fait également partie des quatre collectivités à accueillir une expérimentation portée par Koolicar, une jeune start up, sur une nouvelle forme d’autopartage : permettre la location de voitures entre particuliers. « C’est une idée simple et cela peut remplacer une 2ème voiture. Tout le temps du travail la voiture reste sur un parking ; elle pourrait être louée à un collègue ou un voisin.» précise Clément Rossignol-Puech, avant d’ajouter « Bègles, c’est actuellement 26 000 habitants, nous serons 35 000 d’ici 10 ans. De nouveaux urbains arrivent sans idées préconçues, prêts à n’avoir qu’une seule voiture par famille. A nous de trouver des solutions pour que cette mutation générationnelle puisse prendre forme. » Aujourd’hui, bouger, c’est conjuguer des offres de transports foisonnantes. Mais Clément aimerait aller encore bien plus loin avec, pourquoi pas, des lignes d’équibus pour aller à l’école, des carrioles tirées par des chevaux pour les agents d’entretien des espaces verts, une troisième ligne de rocade dédiée aux taxis, bus et autopartage, une aire de co-voiturage Rives d’Arcins à proximité de la rocade… A Bègles, on n’a pas fini de rêver à des solutions de mobilités complémentaires et durables.