Dans les Deux-Sèvres, Céline Mougard, fondatrice de Nature Santé et Territoire, conçoit actuellement un jeu de plateau coopératif pour sensibiliser un large public aux interdépendances entre les milieux, les végétaux, les animaux et les humains, et plus largement à la santé des écosystèmes. Ce projet “one health”, mené notamment avec des scientifiques du Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC) , est soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine. Interview.
Dans quel contexte est né ce projet de jeu coopératif One health ?
Je suis membre de l’association de permaculture Les Roseaux Sociaux, et dans ce cadre j’ai été amenée à travailler avec le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), le groupement ornithologique des Deux-Sèvres (GODS), l’association de protection, d’information et d’étude de l’eau et de son environnement (APIEEE), ainsi que la SCOP Wision qui fait de la facilitation avec les habitants sur l’alimentation en circuit court. Nous nous sommes retrouvés autour de la table pour travailler sur un projet du CEBC qui s’appelle « Santé des territoires ». Il s’agit d’une recherche-action sur l’exposition aux pesticides du territoire, des habitants et de la biodiversité, et qui traite donc de ce sujet “une seule santé”.
C’est une notion simple mais complexe en même temps, qui nécessite de penser de manière holistique. Cela faisait longtemps que je me disais qu’il serait utile de créer un outil pédagogique et ludique autour de ce concept d’ “une seule santé”. L’idée initiale était de créer un jeu de cartes, type 7 familles, puis avec les autres membres du groupe de travail, nous avons choisi de partir sur un jeu de plateau, plus riche, permettant de faire passer tous les messages que nous souhaitions transmettre.
Quels sont ces messages que vous souhaitez faire passer avec ce jeu ?
Nous voulons faire comprendre que la santé humaine est complètement dépendante de la qualité de l’environnement et de la biodiversité, et aborder la notion de socio-écosystème, autrement dit le fait que la société et l’écosystème sont liés. Un autre objectif est de montrer l’impact des activités humaines sur les milieux, que ce soit la manière de travailler, d’habiter, de consommer. Cela va générer des mécanismes d’interaction, et des effets domino qui vont avoir des conséquences sur notre santé.
Par ailleurs, je voulais aborder différemment la notion de « One Health / Une seule santé”, qui généralement est traitée à travers la question des risques (zoonose, pollution…). J’avais envie de l’amener dans une démarche de promotion de la santé plus positive, en mettant en valeur les leviers qui permettent d’entrer dans un cercle vertueux.
Enfin, transmettre de message de la coopération nous a semblé essentiel, parce que pour sortir du cercle vicieux et de l’illusion de domination de la nature, il faut passer par la coopération, entre les humains, avec les écosystèmes, les non-humains et les milieux.
A quel public s’adressera-t-il ?
Il sera accessible à tous à partir de 10 ans. Ce n’est pas pour autant un jeu pour enfant. Je suis dans une logique d’”universalisme proportionné” : on se met au niveau de ceux qui ont le plus de difficulté de manière à ce qu’il soit jouable par tous. L’idée, c’est qu’on puisse mettre autour de la table des élus, des agriculteurs, des professionnels de santé, des habitants lambda, pourquoi pas aussi des enfants, de façon à ce que tout le monde joue ensemble et réfléchisse à des solutions qui soient adaptables. Notre objectif est de sortir le jeu au premier semestre 2024.
Plus d’infos sur le site de la zone atelier Plaine et Val de Sèvres
