Risques émergents

Conférence à Poitiers sur les perturbateurs endocriniens : la lutte contre cette menace sanitaire en marche

Publié le 09 Juin 2017
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André Cicolella, toxicologue et président du RES©GRAINE Aquitaine

La Délégation Poitou-Charentes du Réseau Environnement Santé (RES) a organisé une conférence sur les Perturbateurs Endocriniens le 20 janvier 2017 à Poitiers. L’objectif : mieux comprendre le danger des perturbateurs endocriniens et les actions pour les éliminer. Soutenue par l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, elle a eu lieu dans ses locaux où une centaine de personnes étaient présentes. Si sur ce territoire la lutte semble acquise, reste à organiser les solutions.

En Nouvelle-Aquitaine, les données sur les Affections de Longue Durée pointent du doigt des pathologies préoccupantes : diabètes, cancers, infertilité masculine. Alors que les indicateurs classiques (alcool, tabac, sédentarité, vieillesse) ne suffisent pas à expliquer les variations temporelles et territoriales de ces pathologies dominantes. C’est dans une dynamique d’apport de connaissances et de solutions que la conférence a été organisée. Plusieurs intervenants ont permis à la fois de cerner les enjeux, la nature du risque, la situation de la recherche en Nouvelle-Aquitaine et les stratégies mises en œuvre pour prévenir le risque.

Parmi les facteurs ayant un impact sur la santé, « 20% sont des déterminants environnementaux. La nature des risques a changé, notre stratégie doit s’adapter » a rappelé Jean Jaouen, Directeur de la Santé Publique à l’Agence Régionale de Santé Nouvelle-Aquitaine, avant de détailler les différents axes de prévention mis en œuvre par l’ARS puis de les illustrer par des actions remarquables portées par l’ARS : démarches innovantes d’Evaluation d’impact sur la santé (EIS),  création d’un Observatoire Régional Santé Environnement (ORSE) en 2017, Stratégie Régionale Petite Enfance qui vise à protéger les femmes enceintes et les nourrissons en agissant sur les comportements.
André Cicolella, toxicologue et président du Réseau Environnement Santé, a présenté le danger des perturbateurs endocriniens et ses effets : syndrome de dysgénésie testiculaire, croissance de l’enfant, cancers, dégénérescence du système nerveux, obésité, dysfonctionnement métabolique… Il a aussi rappelé l’aspect « bombe à retardement » de leurs impacts, les mécanismes épigénétiques leur conférant des effets sur plusieurs générations, d’où la nécessité d’agir rapidement.
Virginie  Migeot, médecin en santé publique, professeure et responsable de l’axe «Santé Environnementale, Perturbateurs Endocriniens, Exposome » à l’université de Poitiers, a ensuite exposé les pistes de recherche en Nouvelle-Aquitaine : l’équipe EPICENE à Bordeaux, qui travaille sur « Cancer et Environnement » et l’équipe HEDEX à Poitiers qui travaille sur l’exposition humaine aux perturbateurs endocriniens et sur la réduction de cette exposition.
Karine Chagnes du Comité Développement Durable Santé-C2DS, a présenté l’action « Hôpital sans Perturbateurs Endocriniens » dans le cadre de sa Campagne de gestes. Pour conclure, Hervé Cabrol et Paul Delègue, médecins et responsables de l’association Veille Santé Environnement 17 ont évoqué leur vision du « prendre soin », et sans doute d’une relation avec le patient qu’il s’agit de redéfinir pour le rendre « acteur de sa santé ».

www.reseau-environnement-sante.fr

www.c2ds.eu

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