Sols, nature, jardins

Louis Espinassous : grandir « dehors » est une nécessité vitale !

Publié le 29 Mai 2015
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Louis Espinassous, en montagne avec un groupe d'enfants©S. Carlier

Il ne surfe pas sur Internet, ignore le téléphone portable, les mails… Il est conteur, écrivain, animateur nature, formateur, accompagnateur en montagne. Louis Espinassous est un homme d’une soixantaine d’années qui vit dans la vallée d’Ossau et ne conçoit la vraie vie que dehors, convaincu de l’influence positive de la nature, sur le développement social des enfants, leur créativité, mais aussi leur résistance aux maladies…

« Quand j’avais 5 ans, je voulais être paysan comme mon pépé. A 7 ans, je voulais être grand-père comme mon pépé ! Je courais dans la forêt, je grimpais aux arbres… Et maintenant, je me rends compte que toute ma vie, j’ai fait ce métier de grand père paysan, à partager ma passion sur le dehors sauvage. » C’est ensuite la forêt de Rambouillet avec les scouts, l’Allemagne avec un forestier où il observe les biches et les cerfs. Tout découle de cette vie-là, le sac sur le dos, le corps en action, dehors. A 18 ans, il invente un métier qui n’existe pas : éducateur nature.  Puis c’est, pour ce natif de la basse Corrèze, la rencontre avec la vallée d’Ossau, où il a pris racine il y a plus de trente ans. La montagne est aujourd’hui son domaine.

Vingt-cinq ans durant, Louis Espinassous, conseiller technique et pédagogique pour le Ministère de la Jeunesse et des sports, est détaché auprès du Parc National des Pyrénées. Jusqu’au jour où son administration de tutelle veut le rapatrier dans ses bureaux bordelais. On est en 1999. Il quitte alors la fonction publique et s’installe à son compte.

Conteur, pisteur d’ours, coureur des bois, infatigable marcheur, incorrigible dormeur à la belle étoile, berger-fromager depuis peu, il est toujours et encore éducateur-nature et formateur. Il est adhérent à la Dynamique Sortir du réseau École et Nature, qui défend notamment l’éducation dehors comme enjeu de santé publique.  Avec la même jubilation, il encadre enfants, adolescents, adultes, publics handicapés ou difficiles, dans des séjours, des classes découvertes ou des stages de formation dans cette vallée pyrénéenne dont il connaît les moindres sentiers. Il publie aussi des contes, des albums jeunesse, puis un premier livre qui revendique la liberté pour l’enfant d’apprendre la vie dehors, au grand air, loin de l’éducation « hors-sol », d’une vie encadrée par des murs, sans parfums, sans saveurs, de la déferlante des murs virtuels, des écrans…

Allez jouer dehors les enfants !

Un deuxième livre parle plus précisément de ce rapport perdu à la nature : « C’est dehors, dans le jardin, les bois, ou en montagne, dans ce contact plein avec le réel que l’enfant construit une part considérable de son rapport à son corps, à ses sens, à son intelligence, et aux autres. C’est ainsi qu’il développe au mieux sa compréhension du monde ». Mais s’il faut remettre les enfants dehors, il faut aussi les laisser libres : « Réintroduire des activités physiques libres, de la récréation, des activités toutes simples où le lien avec la nature est là, et qui contribuent au développement cognitif de l’enfant et à son épanouissement. »

Le sport, si souvent cité comme remède à tous les maux de notre société ne suffit pas : les activités sportives pratiquées dans des stades, des cours, des gymnases, ne sauraient atteindre les mêmes buts. « Ce n’est pas le mouvement qui est générateur de santé, mais l’action quand il y a une logique d’intention, un projet qui va donner plus d’équilibre ». Sans oublier que la nature dont il parle n’est pas forcément « sauvage ».

« Il faut réintroduire des arbres en ville, dans les cités, des murs végétalisés, planter des fruitiers. » Louis Espinassous nous cite alors deux exemples. La comparaison entre les détenus qui sont enfermés dans des cellules donnant sur les murs de la prison, et les autres avec une vue dégagée sur la nature environnante. Chez les premiers, il y aurait vingt-cinq pour cent de consultations médicales en plus. Même constat à l’hôpital cette fois où les patients dont la chambre donne sur un environnement naturel « gagneraient » une journée d’hospitalisation.

« La nature est bénéfique pour notre santé morale et physique, c’est une base à notre équilibre et le manque de nature provoque des névroses et des maladies. Une part importante des « manques à vivre » de notre civilisation se trouve dans ce besoin de nature non satisfait ; mais aussi une belle part de solutions : de la nature pour tous à tous les âges de la vie ».

Plus d’informations sur Louis Espinassous et ses ouvrages :

espinassous-daboecia.pagesperso-orange.fr

Vidéo « Mettez les dehors »

Vidéo « Louis rencontre l’ours des Pyrénées »

Plus d’informations sur la Dynamique Sortir, du réseau Ecole et Nature : http://reseauecoleetnature.org/

Conférence Le syndrome de déficit de nature, comment la nature contribue au bien-être humain, par le groupe Sortir : https://soundcloud.com/

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